Chaque registre (13) exprime et cherche à susciter chez le lecteur des émotions différentes. Par ailleurs, certains registres sont plus particulièrement liés à un genre littéraire.
LE REGISTRE EPIQUE Hérité de l’épopée, c’est un long poème qui, dans l’Antiquité et au Moyen Âge, racontait les aventures guerrières et merveilleuses des héros. Il tend à susciter l’étonnement, l’admiration ou l’effroi, et se manifeste par l’exagération des faits, le grandissement des personnages. Les procédés utilisés sont l’emploi de pluriels, de superlatifs… Ex.: L’Iliade et L’Odyssée, d’Homère.
LE REGISTRE TRAGIQUE Les textes montrent l’homme face à une puissance qui le dépasse : le destin, la passion, l’Histoire. Ce registre est caractérisé par le lexique de la fatalité et du désespoir. Il utilise l’exclamation, l’interrogation, l’apostrophe. Ex. : Phèdre de Racine.
LE REGISTRE PATHETIQUE Il cherche à émouvoir le lecteur ou le spectateur par des situations ou des discours marqués par la passion, la souffrance… Le spectacle et le lexique des émotions (douleur, pitié), les rythmes brisés, les interjections sont des signes du pathétique.
LE REGISTRE DRAMATIQUE Il caractérise une action tendue, des événements violents qui se succèdent sans relâche. La multiplication des coups de théâtre et le rythme saccadé marquent la dramatisation.
LE REGISTRE LYRIQUE Il désigne à l’origine le chant que le poète accompagne de sa lyre. Le lyrisme est l’expression poétique des sentiments personnels. Il se caractérise par l’usage de la première personne du singulier, le lexique du sentiment, la musicalité du rythme. Ex.: Sonnets pour Hélène, de Ronsard.
LE REGISTRE COMIQUE Il utilise des procédés comme la répétition, le quiproquo, l’exagération… Il comporte des degrés, les plus forts étant le burlesque et l’absurde.
LE REGISTRE SATIRIQUE Il caractérise les œuvres où l’on tourne en ridicule les défauts d’un individu ou d’un groupe. Ex.: Tartuffe, de Molière.
LE REGISTRE POLEMIQUE Il caractérise les textes, souvent argumentatifs, qui combattent des personnes ou des idées. Il use de tous les procédés visant à discréditer un adversaire. Ex.: Les Pensées, de Pascal. Son contraire : LE REGISTRE IRENIQUE qui vise la paix.
LE REGISTRE EPIDICTIQUE C’est celui de l’éloge et du blâme. On le retrouve dans les oraisons funèbres ou les discours de réception. Ex.: Oraisons funèbres, de Bossuet.
LE REGISTRE REALISTE Il concerne une œuvre qui présente des personnages, des lieux, des situations qui ont existé ou pourraient avoir existé. À ne pas confondre avec le mouvement réaliste présent dès le XIXe siècle.
LE REGISTRE FANTASTIQUE L’irrationnel et le surnaturel font irruption dans le quotidien. On parle de fantastique lorsqu’il y a incertitude entre réel et irrationnel. Ex.: Le Horla, de Maupassant.
LE REGISTRE DIDACTIQUE : vise à instruire, à expliquer, à enseigner, à argumenter. Exemple : le mode d'emploi : "Si vous souhaitez connecter votre dispositif au réseau sans fil, suivez les étapes suivantes : Lancez « Paramètres », entrez dans « Connexions » et faites glisser le bouton vers la droite pour activer « Wi-Fi ». Remarque : Si vous êtes déjà connecté à un réseau, ce dernier sera également indiqué. Enfin, sélectionnez le réseau auquel vous souhaitez vous connecter, saisissez le mot de passe puis confirmez en appuyant sur « Connexion ». Si le réseau auquel vous souhaitez vous connectez n’est toujours pas visible, il faudra le rechercher manuellement. Pour cela, faites ainsi : Lancez « Paramètres », entrez dans « Connexions » et faites glisser le bouton vers la droite pour activer « Wi-Fi »."
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Corrigé :
(a) Le registre est ici EPIQUE car le héros se bat seul contre une armée, qu'il vainc trop facilement ; tout le monde l'acclame. Ses actions sont extraordinaires.
A niveau du style, on note des exagérations et l'usage du présent narratif pour une accumulation d'actions ("il se joint à eux ; il les charge, il les pointe, il les tire"). Le champ lexical de la guerre est abondant ("courage, valeur, noblesse").
(b) Le registre est ici PATHETIQUE car la Belle cherche à émouvoir celui qui l'aime : sa voix est "tremblante" ; l'interjection "Ô" qui s'exclame souligne la supplication de celle qui donne corps et âme dans son monologue.
Au niveau du style, la répétition du verbe "adorer", l'un au PC l'autre au P : "Je vous ai adoré en vous trahissant, et je vous adore en vous disant un éternel adieu." En outre l'antithèse entre les deux verbes montre qu'elle culpabilise.
(c) Registre DRAMATIQUE car il y règne du suspense (on ignore si le héros va "délivrer" sa princesse au "couvent"). Il y a plein d'événements qui se succèdent. 0,5
Quant au style, il est répétitif pour insister ("délivrer", "n’avait pas"). Début dialogué, suivi d'un récit à l'imparfait.
(d) Le registre est ici POLEMIQUE car Sabine s'en prend directement à la ville de Rome en lui disant qu'elle est "ingrate" car elle oublie qu'elle vient de "Albe" dont elle déplore le matricide.
L'insistance de son attaque se traduit par l'usage répété de la deuxième personne du singulier ("tu, toi, tes") qui lui permet d'apostropher son ennemie.
(e) Le registre est ici SATIRIQUE car il s'attaque avec ironie à 3 défauts liés aux femmes : mariage ; pipelette ; fidélité.
Le style est à base de phrases courtes ("punchlines") qui cherchent à dire des vérités (= maximes). Elles utilisent le PVG (présent de vérité générale).
(f) Le registre est ici PATHETIQUE car VH cherche à apitoyer le lecteur sur les effets physiques de la maltraitance de Cosette (due aux Thénardier) : "maigreur", "sorte d'ombre" fait penser à l'oeil au beurre noir.
Le style est une description de la petite à l'imparfait. Le narrateur cherche la précision dans un but réaliste ; on a l'impression que ce n'est pas une fiction.
(g) Le registre est encore EPIQUE car il s'agit du combat le plus célèbre de l'Antiquité. On est dans la mythologie avec le dieu de la forge qui lui a créé ses armes indestructibles ("bouclier"). L'euphémisme de "la fuite de l’âme" au lieu du mot mort souligne le côté honorable du corps à corps.
Le style est à base de phrases longues qui cherchent à faire ressortir le côté divin des armes du héros (épée comparée à une étoile brillante). Il y a un champ lexical de l'enjolivement ("resplendissait l’éclair" : extrême luminosité + rapidité).
(h) Le registre est lyrique car le père culpabilise de devoir sacrifier Rachel ; son sentiment est le désespoir ("peur : "mes tremblantes mains"). L
Dans le style, on note l'usage de la première personne ("c’est moi qui") qui montre que ce père ne peut qu'exprimer son sentiment d'angoisse de perdre l'enfant qu'il avait adoptée.
(i) Ceci est le registre DIDACTIQUE car l'ingénieur Cyrus Smith explique de façon détaillée à Gédéon Spilett, journaliste néophyte un phénomène naturel concernant la terre ("l'écorce").
Concernant le style, le narrateur utilise un mot simple ("chaudière") pour comparer la chaleur de la terre à celle d'un chauffage de domicile. En outre, il y a l'usage du PVG (présent de vérité générale : "vibre").
(j) Le registre est ici TRAGIQUE car le dramaturge met en scène un père qui réclame au dieu de la mer le châtiment du "traître" (périphrase). Le fait que ce fils indigne ne puisse échapper à la fatalité demandée par le père prouve "ta puissance immortelle" divine.
Quant au style de ce poème à base d'alexandrins à rimes suivies, le flash-back "Souviens-toi" est un rappel de la promesse ("tu promis") d'une vengeance fatale. En apostrophant le dieu de la mer ("Et toi, et toi..."), Thésée implique Neptune pour obtenir sa puissance divine.
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CORPUS d'EXTRAITS
Molière
TOINETTE.- Donnez-moi votre pouls. Allons donc, que l’on batte comme il faut. Ahy, je vous ferai bien aller comme vous devez. Hoy, ce pouls-là fait l’impertinent ; je vois bien que vous ne me connaissez pas encore. Qui est votre médecin ?
ARGAN.- Monsieur Purgon.
TOINETTE.- Cet homme-là n’est point écrit sur mes tablettes entre les grands médecins. De quoi, dit-il, que vous êtes malade ?
ARGAN.- Il dit que c’est du foie, et d’autres disent que c’est de la rate.
TOINETTE.- Ce sont tous des ignorants, c’est du poumon que vous êtes malade.
ARGAN.- Du poumon ?
TOINETTE.- Oui. Que sentez-vous ?
ARGAN.- Je sens de temps en temps des douleurs de tête.
TOINETTE.- Justement, le poumon.
ARGAN.- Il me semble parfois que j’ai un voile devant les yeux.
TOINETTE.- Le poumon.
ARGAN.- J’ai quelquefois des maux de cœur.
TOINETTE.- Le poumon.
ARGAN.- Je sens parfois des lassitudes par tous les membres.
TOINETTE.- Le poumon.
ARGAN.- Et quelquefois il me prend des douleurs dans le ventre, comme si c’était des coliques.
TOINETTE.- Le poumon. Vous avez appétit à ce que vous mangez ?
ARGAN.- Oui, Monsieur.
TOINETTE.- Le poumon. Vous aimez à boire un peu de vin ?
ARGAN.- Oui, Monsieur.
TOINETTE.- Le poumon. Il vous prend un petit sommeil après le repas, et vous êtes bien aise de dormir ?
ARGAN.- Oui, Monsieur.
TOINETTE.- Le poumon, le poumon, vous dis-je.
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Abbé Delille, qui décrit les jardins :
Venez, suivez mon vol au pays des prestiges,
À ce pompeux Versailles, à ce riant Marly,
Que Louis, la nature, et l’art ont embelli.
C’est là que tout est grand, que l’art n’est point timide ;
Là, tout est enchanté. C’est le palais d’Armide ;
C’est le jardin d’Alcine, ou plutôt d’un héros
Noble dans sa retraite, et grand dans son repos,
Qui cherche encore à vaincre, à dompter des obstacles,
Et ne marche jamais qu’entouré de miracles.
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Jules Verne
« Quel est donc ce ruisseau ?… »
Un ruisseau, ce Guaviare, que les bâtiments peuvent remonter sur un millier de kilomètres… un ruisseau dont les affluents arrosent ce territoire jusqu’à la base des Andes… un ruisseau dont l’apport est de trois mille deux cents mètres cubes par seconde !…
Et pourtant, à la méprisante question de M. Felipe, personne ne répondit, personne n’eut le temps de répondre, ou plutôt la réponse ne fut que ce mot, jeté soudain par les mariniers des trois falcas :
« Chubasco… chubasco ! »
En effet, tel est le nom indien du terrible coup de vent qui venait de se déchaîner à la limite de l’horizon. Ce chubasco fonçait sur le lit de l’Orénoque comme une avalanche. Et, — ce qui eût paru étrange, inexplicable à quiconque n’eût pas été familiarisé avec ces phénomènes particuliers aux llanos vénézuéliens, — c’est en partant du nord-ouest qu’il se précipita à leur surface.
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Baudelaire - L'invitation au voyage
Mon enfant, ma sœur,
Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.
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Tristes Tropiques - Claude Lévi-Strauss
Je hais les voyages et les explorateurs. Et voici que je m'apprête à raconter mes expéditions. Mais que de temps pour m'y résoudre! Quinze ans ont passé depuis que j'ai quitté pour la dernière fois le Brésil et, pendant toutes ces années, j'ai souvent projeté d'entreprendre ce livre; chaque fois, une sorte de honte et de dégoût m'en ont empêché.
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Balzac
Au-dessus de ce troisième étage étaient un grenier à étendre le linge et deux mansardes où couchaient un garçon de peine, nommé Christophe, et la grosse Sylvie, la cuisinière. Outre les sept pensionnaires internes, madame Vauquer avait, bon an, mal an, huit étudiants en Droit ou en Médecine, et deux ou trois habitués qui demeuraient dans le quartier, abonnés tous pour le dîner seulement. La salle contenait à dîner dix-huit personnes et pouvait en admettre une vingtaine; mais le matin, il ne s'y trouvait que sept locataires dont la réunion offrait pendant le déjeuner l'aspect d'un repas de famille. Chacun descendait en pantoufles, se permettait des observations confidentielles sur la mise ou sur l'air des externes, et sur les événements de la soirée précédente, en s'exprimant avec la confiance de l'intimité. Ces sept pensionnaires étaient les enfants gâtés de madame Vauquer, qui leur mesurait avec une précision d'astronome les soins et les égards, d'après le chiffre de leurs pensions.
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Stendhal - Voyage en Italie
MILAN. 24 septembre. — J’arrive, à sept heures du soir, harassé de fatigue ; je cours à la Scala. — Mon voyage est payé. Mes organes épuisés n’étaient plus susceptibles de plaisir. Tout ce que l’imagination la plus orientale peut rêver de plus singulier, de plus frappant, de plus riche en beautés d’architecture, tout ce que l’on peut se représenter en draperies brillantes, en personnages qui non-seulement ont les habits, mais la physionomie, mais les gestes des pays où se passe l’action, je l’ai vu ce soir.
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Voltaire
L’Ingénu, piqué, ne songea plus qu’à se bien battre contre ses anciens amis, pour ses compatriotes et pour monsieur le prieur. Les gentilshommes du voisinage accouraient de toutes parts ; il se joint à eux : on avait quelques canons ; il les charge, il les pointe, il les tire l’un après l’autre. Les Anglais débarquent ; il court à eux, il en tue trois de sa main, il blesse même l’amiral, qui s’était moqué de lui. Sa valeur anime le courage de toute la milice ; les Anglais se rembarquent, et toute la côte retentissait des cris de victoire : Vive le roi, vive l’Ingénu!
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Corneille - Sabine s'adresse à la ville de Rome :
Ingrate, souviens-toi que du sang de ses rois
Tu tiens ton nom, tes murs, et tes premières lois.
Albe est ton origine : arrête, et considère
Que tu portes le fer dans le sein de ta mère.
Tourne ailleurs les efforts de tes bras triomphants ;
Sa joie éclatera dans l’heur de ses enfants ;
Et se laissant ravir à l’amour maternelle,
Ses vœux seront pour toi, si tu n’es plus contre elle.
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Maupassant
Tout à coup il crut avoir été appelé par une voix terrible, et tressaillit comme lorsqu’au milieu d’un brûlant cauchemar nous sommes précipités d’un seul bond dans les profondeurs d’un abîme. Il ferma les yeux ; les rayons d’une vive lumière l’éblouissaient ; il voyait briller au sein des ténèbres une sphère rougeâtre dont le centre était occupé par un petit vieillard qui se tenait debout et dirigeait sur lui la clarté d’une lampe. Il ne l’avait entendu ni venir, ni parler, ni se mouvoir. Cette apparition eut quelque chose de magique. L’homme le plus intrépide, surpris ainsi dans son sommeil, aurait sans doute tremblé devant ce personnage extraordinaire qui semblait être sorti d’un sarcophage voisin.
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Voltaire
Mais des soins plus douloureux s’emparaient de tous les cœurs. La belle et infortunée Saint-Yves sentait déjà sa fin approcher ; elle était dans le calme, mais dans ce calme affreux de la nature affaissée qui n’a plus la force de combattre. « Ô mon cher amant! dit-elle d’une voix tombante, la mort me punit de ma faiblesse ; mais j’expire avec la consolation de vous savoir libre. Je vous ai adoré en vous trahissant, et je vous adore en vous disant un éternel adieu. »
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Maupassant
Deux chambres, une salle à manger et une cuisine où des sièges recollés erraient de pièce en pièce selon les besoins, formaient tout l’appartement que Mme Caravan passait son temps à nettoyer.
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Voltaire
« Mes amis, ce n’est rien d’avoir délivré l’abbaye de la Montagne ; il faut délivrer une fille. » Toute cette bouillante jeunesse prit feu à ces seules paroles. On le suivait déjà en foule, on courait au couvent. Si le bailli n’avait pas sur-le-champ averti le commandant, si on n’avait pas couru après la troupe joyeuse, c’en était fait.
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Jules Verne
— Est-ce que vous ne sentez pas certaines vibrations dans le sol ? demanda Cyrus Smith.
— En effet, répondit Gédéon Spilett, mais de là à un tremblement de terre…
— Je ne dis pas que nous soyons menacés d’un tremblement de terre, répondit Cyrus Smith, et Dieu nous en préserve ! Non. Ces vibrations sont dues à l’effervescence du feu central. L’écorce terrestre n’est autre chose que la paroi d’une chaudière, et vous savez que la paroi d’une chaudière, sous la pression des gaz, vibre comme une plaque sonore. C’est cet effet qui se produit en ce moment.
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Voltaire
« Moi, votre épouse! Ah! cher amant, ce nom, ce bonheur, ce prix, n’étaient plus faits pour moi ; je meurs, et je le mérite. Ô dieu de mon cœur! ô vous que j’ai sacrifié à des démons infernaux, c’en est fait, je suis punie, vivez heureux. »
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Sacha Guitry
"Ma femme et moi avons été heureux vingt-cinq ans; et puis, nous nous sommes rencontrés."
"C'est une erreur de croire qu'une femme peut garder un secret. Elles le peuvent, mais elles s'y mettent à plusieurs."
"Une femme qui s'en va avec son amant n'abandonne pas son mari, elle le débarrasse d'une femme infidèle."
"On les a dans ses bras - puis un jour sur les bras - et bientôt sur le dos.”
“Le mariage est comme le restaurant : à peine est-on servi qu'on regarde ce qu'il y a dans l'assiette du voisin.”
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Vos persécuteurs sont abominables, disait-il à son ami Gordon. Je vous plains d’être opprimé, mais je vous plains d’être janséniste. Toute secte me paraît le ralliement de l’erreur.
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Racine
Et toi, Neptune, et toi, si jadis mon courage
D'infâmes assassins nettoya ton rivage,
Souviens-toi que pour prix de mes efforts heureux
Tu promis d'exaucer le premier de mes vœux.
Dans les longues rigueurs d'une prison cruelle
Je n'ai point imploré ta puissance immortelle
Avare du secours que j'attends de tes soins,
Mes vœux t'ont réservé pour de plus grands besoins:
Je t'implore aujourd'hui. Venge un malheureux père.
J'abandonne ce traître à toute ta colère;
Etouffe dans son sang ses désirs effrontés:
Thésée à tes fureurs connaîtra tes bontés.
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Victor Hugo
Cosette était maigre et blême ; elle avait près de huit ans, on lui en eût donné à peine six. Ses grands yeux enfoncés dans une sorte d'ombre étaient presque éteints à force d'avoir pleuré. Les coins de sa bouche avaient cette courbe de l'angoisse habituelle, qu'on observe chez les condamnés et chez les malades désespérés. Ses mains étaient, comme sa mère l'avait deviné, "perdues d'engelures". Le feu qui l'éclairait en ce moment faisait saillir les angles de ses os et rendait sa maigreur affreusement visible. Comme elle grelottait toujours, elle avait pris l'habitude de serrer ses deux genoux l'un contre l'autre. Tout son vêtement n'était qu'un haillon qui eût fait pitié l'été et qui faisait horreur l'hiver. Elle n'avait sur elle que de la toile trouée ; pas un chiffon de laine. On voyait sa peau çà et là, et l'on y distinguait partout des taches bleues ou noires qui indiquaient les endroits où la Thénardier l'avait touchée. Ses jambes nues étaient rouges et grêles. Le creux de ses clavicules était à faire pleurer. Toute la personne de cette enfant, son allure, son attitude, le son de sa voix, ses intervalles entre un mot et l'autre, son regard, son silence, son moindre geste, exprimaient et traduisaient une seule idée : la crainte.
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Attention, si vous voulez Ecrire, méfiez-vous de l'Hugocentrisme !
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L'Iliade (Homère) :
Et Akhilleus, emplissant son cœur d’une rage féroce, se rua aussi sur le Priamide. Et il portait son beau bouclier devant sa poitrine, et il secouait son casque éclatant aux quatre cônes et aux splendides crinières d’or mouvantes que Hèphaistos avait fixées au sommet. Comme Hespéros, la plus belle des étoiles ouraniennes, se lève au milieu des astres de la nuit, ainsi resplendissait l’éclair de la pointe d’airain que le Pèléide brandissait, pour la perte de Hektôr, cherchant sur son beau corps la place où il frapperait. Les belles armes d’airain que le Priamide avait arrachées au cadavre de Patroklos le couvraient en entier, sauf à la jointure du cou et de l’épaule, là où la fuite de l’âme est la plus prompte. C’est là que le divin Akhilleus enfonça sa lance, dont la pointe traversa le cou de Hektôr...
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Anonyme :
Il faut arrêter cette gay-guerre...
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Damilaville :
La guerre est un fruit de la dépravation des hommes ; c’est une maladie convulsive et violente du corps politique.
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Éléazar :
Rachel, quand du Seigneur
La grâce tutélaire
A mes tremblantes mains confia ton berceau,
J’avais à ton bonheur
Voué ma vie entière.
Et c’est moi qui te livre au bourreau!
Mais j’entends une voix qui me crie :
Sauvez-moi de la mort qui m’attend!
Je suis jeune et je tiens à la vie,
Ô mon père, ô mon père, épargnez votre enfant!
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Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1857 - Tristesses de la lune
Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse;
Ainsi qu'une beauté, sur de nombreux coussins,
Qui d'une main distraite et légère caresse
Avant de s'endormir le contour de ses seins,
Sur le dos satiné des molles avalanches,
Mourante, elle se livre aux longues pâmoisons,
Et promène ses yeux sur les visions blanches
Qui montent dans l'azur comme des floraisons.
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Boris Vian :
Il s’est relevé pour sauter / Pourvu qu’ils me laissent le temps / Une abeille de cuivre chaud / L’a foudroyé sur l’autre rive / Le sang et l’eau se sont mêlés / Il avait eu le temps de voir / Le temps de boire à ce ruisseau / Le temps de porter à sa bouche / Deux feuilles gorgées de soleil / Le temps d’atteindre l’autre rive / Le temps de rire aux assassins / Le temps de courir vers la femme / Il avait eu le temps de vivre.
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Madame Bovary
- Ah! voilà que ça commence! murmura-t-elle.
- Que dis-tu ?
Elle roulait sa tête avec un geste doux, plein d'angoisse, et tout en ouvrant continuellement les mâchoires, comme si elle eût porté sur sa langue quelque chose de très lourd. A huit heures,
les vomissements reparurent. Charles observa qu'il y avait au fond de la cuvette une sorte de
gravier blanc, attaché aux parois de la porcelaine.
- C'est extraordinaire! c'est singulier! répéta-t-il.
Mais elle dit d'une voix forte : - Non, tu te trompes!
Alors, délicatement et presque en la caressant, il lui passa la main sur l'estomac. Elle jeta un cri aigu. Il se recula tout effrayé.
Puis elle se mit à geindre, faiblement d'abord. Un grand frisson lui secouait les épaules, et elle devenait plus pâle que le drap où s'enfonçaient ses doigts crispés. Son pouls, inégal,
était presque insensible maintenant.
Des gouttes suintaient sur sa figure bleuâtre, qui semblait comme figée dans l'exhalaison d'une vapeur métallique. Ses dents claquaient, ses yeux agrandis regardaient vaguement autour d'elle, et à toutes les questions, elle ne répondait qu'en hochant la tête ; même elle sourit deux ou trois fois. Peu à peu, ses gémissements furent plus forts. Un hurlement sourd lui échappa ; elle prétendit qu'elle allait mieux et qu'elle se lèverait tout à l'heure. Mais les convulsions la saisirent ; elle s'écria : - Ah! c'est atroce, mon Dieu!
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Maupassant :
A côté du salon s'ouvraient la bibliothèque pleine de livres anciens, et deux autres pièces inutilisées; à gauche, la salle à manger en boiseries neuves, la lingerie, l'office, la cuisine et un petit appartement contenant une baignoire. Un corridor coupait en long tout le premier étage. Les dix portes des dix chambres s'alignaient sur cette allée. Tout au fond, à droite, était l'appartement de Jeanne. Ils y entrèrent. Le baron venait de le faire remettre à neuf, ayant employé simplement des tentures et des meubles restés sans usage dans les greniers.
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HUGO 93
Ici les assaillants eurent une stupeur. Radoub était entré par le trou de brèche, à la tête de la colonne d'attaque, lui sixième, et sur ces six hommes du bataillon parisien, quatre étaient déjà tombés. Après qu'il eut jeté ce cri: Moi! on le vit, non avancer, mais reculer, et, baissé, courbé, rampant presque entre les jambes des combattants, regagner l'ouverture de la brèche, et sortir. Etait-ce une fuite? Un tel homme fuir? Qu'est-ce que cela voulait dire? Arrivé hors de la brèche, Radoub, encore aveuglé par la fumée, se frotta les yeux comme pour en ôter l'horreur et la nuit, et, à la lueur des étoiles, regarda la muraille de la tour. Il fit ce signe de tête satisfait qui veut dire: je ne m'étais pas trompé. Radoub avait remarqué que la lézarde profonde de l'explosion de la mine montait au-dessus de la brèche jusqu'à cette meurtrière du premier étage dont un boulet avait défoncé et disloqué l'armature de fer. Le réseau des barreaux rompus pendait à demi arraché, et un homme pouvait passer.
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Gautier
La Trépassée.
Oh ! Si quelqu'un passait auprès du cimetière!
J'ai beau heurter du front les planches de ma bière,
Le couvercle est trop lourd!
Le fossoyeur dort mieux que les morts qu'il enterre
Quel silence profond! La route est solitaire :
L'écho lui-même est sourd ;
Le Ver.
A moi tes bras d'ivoire, à moi ta gorge blanche,
A moi tes flancs polis avec ta belle hanche
A l'ondoyant contour ;
A moi tes petits pieds, ta main douce et ta bouche,
Et ce premier baiser que ta pudeur farouche
Refusait à l'amour.
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La voiture fit halte à l'église d'Urrugne,
Nom rauque, dont le son à la rime répugne,
Mais qui n'en est pas moins un village charmant,
Sur un sol montueux perché bizarrement.
C'est un bâtiment pauvre, en grosses pierres grises,
Sans archanges sculptés, sans nervures ni frises,
Qui n'a pour ornement que le fer de sa croix,
Une horloge rustique et son cadran de bois,
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Rousseau, Les Confessions
Elle arrive, on lui montre le ruban , je la charge effrontément; elle reste interdite, se tait, me jette un regard qui aurait désarmé les démons, et auquel mon barbare coeur résiste. Elle nie enfin avec assurance, mais sans emportement, m'apostrophe, m'exhorte à rentrer en moi-même, à ne pas déshonorer une fille innocente qui ne m'a jamais fait de mal; et moi, avec une impudence infernale, je confirme ma déclaration, et lui soutiens en face qu'elle m'a donné le ruban . La pauvre fille se mit à pleurer, et ne me dit que ces mots: "Ah! Rousseau, je vous croyais un bon caractère. Vous me rendez bien malheureuse; mais je ne voudrais pas être à votre place." Voilà tout.
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Racine, Phèdre
L'onde approche, se brise, et vomit à nos yeux,
Parmi des flots d'écume, un monstre furieux.
Son front large est armé de cornes menaçantes;
Tout son corps est couvert d'écailles jaunissantes;
Indomptable taureau, dragon impétueux,
Sa croupe se recourbe en replis tortueux.
Ses longs mugissements font trembler le rivage.
Le ciel avec horreur voit ce monstre sauvage,
La terre s'en émeut, l'air en est infecté;
Le flot qui l'apporta recule épouvanté.
Tout fuit; et sans s'armer d'un courage inutile,
Dans le temple voisin chacun cherche un asile.
Hippolyte lui seul, digne fils d'un héros,
Arrête ses coursiers, saisit ses javelots,
Pousse au monstre, et d'un dard lancé d'une main sûre,
Il lui fait dans le flanc une large blessure.
De rage et de douleur le monstre bondissant
Vient aux pieds des chevaux tomber en mugissant,
Se roule, et leur présente une gueule enflammée
Qui les couvre de feu, de sang et de fumée.
La frayeur les emporte, et sourds à cette fois,
Ils ne connaissent plus ni le frein ni la voix;
En efforts impuissants leur maître se consume;
Ils rougissent le mors d'une sanglante écume.
On dit qu'on a vu même, en ce désordre affreux,
Un dieu qui d'aiguillons pressait leur flanc poudreux.
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Victor Hugo - En voyage
Je suis réconcilié avec les chemins de fer ; c’est décidément très beau. Le premier que j’avais vu n’était qu’un ignoble chemin de fabriqué. J’ai fait hier la course d’Anvers à Bruxelles et le retour. Je partais à quatre heures dix minutes et j’étais revenu à huit heures un quart, ayant dans l’intervalle passé cinq quarts d’heure à Bruxelles et fait vingt-trois lieues de France.
C’est un mouvement magnifique et qu’il faut avoir senti pour s’en rendre compte. La rapidité est inouïe. Les fleurs du bord du chemin ne sont plus des fleurs, ce sont des taches ou plutôt des raies rouges ou blanches ; plus de points, tout devient raie ; les blés sont de grandes chevelures jaunes, les luzernes sont de longues tresses vertes ; les villes, les clochers et les arbres dansent et se mêlent follement à l’horizon ; de temps en temps, une ombre, une forme, un spectre debout paraît et disparaît comme l’éclair à côté de la portière ; c’est un garde du chemin qui, selon l’usage, porte militairement les armes au convoi. On se dit dans la voiture : C’est à trois lieues, nous y serons dans dix minutes.
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Roger Frison-Roche - Premier de cordée
Ils repartent à pas très lents, longent la rive gauche du glacier. Le sentier monte à travers des mélèzes clairsemés et se faufile entre deux gorges étroites par où cascadent de furieux torrents grossis par la fonte des neiges. Les voici qui dépassent une fois encore la lisière supérieure des forêts. Seuls quelques mélèzes rabougris s'essayent, mais en vain, à gagner de l'altitude. Tourmentés, rachitiques, brisés par les neiges et les gels des hivers, ils ont l'air de suppliants invoquant les divinités des cimes. L'alpage de Lognan étale ses landes de genévriers, de rhododendrons, très haut dans la montagne; c'est un parterre de fleurs qui se perd dans les moraines croulantes ou vient mourir sur les glaciers; d'énormes torrents blanchâtres sortent de ces derniers et déferlent en écumant dans les gorges étroites et cascadantes, et, vers l'est, le glacier d'Argentières s'écroule en une grandiose chute de séracs, où pilastres, colonnettes et corniches semblent d'ivoire fragile aux reflets de saphir. Le chalet de Lognan, solide construction à deux étages, domine l'énorme chaos glaciaire; c'est le gîte d'étape le plus rapproché pour entreprendre les ascensions dans le Bassin d'Argentières, mais Pierre et Georges ne feront qu'y passer.
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Racine, Phèdre :
Hélas! Seigneur, quel trouble au mien peut être égal?
La reine touche presque à son terme fatal.
En vain à l'observer jour et nuit je m'attache;
Elle meurt dans mes bras d'un mal qu'elle me cache.
Un désordre éternel règne dans son esprit;
Son chagrin inquiet l'arrache de son lit:
Elle veut voir le jour, et sa douleur profonde
M'ordonne toutefois d'écarter tout le monde…
Elle vient…
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Je volais tout entière au secours de son fils,
Et m'arrachant des bras d'Œnone épouvantée,
Je cédais au remords dont j'étais tourmentée.
Qui sait même où m'allait porter ce repentir ?
Peut-être à m'accuser j'aurais pu consentir;
Peut-être, si la voix ne m'eût été coupée,
L'affreuse vérité me serait échappée.
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Que fais-je? Où ma raison se va-t-elle égarer?
Moi jalouse! Et Thésée est celui que j'implore!
Mon époux est vivant, et moi je brûle encore!
Pour qui? Quel est le cœur où prétendent mes vœux?
Chaque mot sur mon front fait dresser mes cheveux.
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Eh bien! vous triomphez, et mon fils est sans vie.
Ah! que j'ai lieu de craindre, et qu'un cruel soupçon
L'excusant dans mon cœur, m'alarme avec raison!
Mais, Madame, il est mort, prenez votre victime:
Jouissez de sa perte, injuste ou légitime.
Je consens que mes yeux soient toujours abusés.
Je le crois criminel, puisque vous l'accusez.
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Phèdre
Neptune vous la doit! Quoi? vos vœux irrités...
Thésée
Quoi! craignez-vous déjà qu'ils ne soient écoutés?
Joignez-vous bien plutôt à mes vœux légitimes.
Dans toute leur noirceur retracez-moi ses crimes;
Echauffez mes transports trop lents, trop retenus.
Tous ses crimes encor ne vous sont point connus.
Sa fureur contre vous se répand en injures;
Votre bouche, dit-il, est pleine d'impostures;
Il soutient qu'Aricie a son cœur, a sa foi,
Qu'il l'aime.
Phèdre
Quoi, Seigneur!
Thésée
Il l'a dit devant moi,
Mais je sais rejeter un frivole artifice.
Espérons de Neptune une prompte justice.
Je vais moi-même encore au pied de ses autels
Le presser d'accomplir ses serments immortels.
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Cinna
Il faut vous obéir.
Je vais donc vous déplaire, et vous m'allez haïr.
Je vous aime, Emilie, et le ciel me foudroie
Si cette passion ne fait toute ma joie,
Et si je ne vous aime avec toute l'ardeur
Que peut un digne objet attendre d'un grand cœur!
Mais voyez à quel prix vous me donnez votre âme:
En me rendant heureux vous me rendez infâme;
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Auguste
Quoi! mes plus chers amis! quoi! Cinna! quoi! Maxime!
Les deux que j'honorais d'une si haute estime,
A qui j'ouvrais mon cœur, et dont j'avais fait choix
Pour les plus importants et plus nobles emplois!
Après qu'entre leurs mains j'ai remis mon empire,
Pour m'arracher le jour l'un et l'autre conspire!
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La Cantatrice chauve (Ionesco)
M. SMITH. – Bobby et Bobby comme leurs parents. L’oncle de Bobby Watson, le vieux Bobby Watson est riche et il aime le garçon. Il pourrait très bien se charger de l’éducation de Bobby.
Mme SMITH. – Ce serait naturel. Et la tante de Bobby Watson, la vieille Bobby Watson pourrait très bien, à son tour, se charger de l’éducation de Bobby Watson, la fille de Bobby Watson. Comme ça, la maman de Bobby Watson, Bobby, pourrait se remarier. Elle a quelqu’un en vue ?
M. SMITH. – Oui, un cousin de Bobby Watson.
Mme SMITH. – Qui ? Bobby Watson ?
M. SMITH. – De quel Bobby Watson parles-tu ?
Mme SMITH. – De Bobby Watson, le fils du vieux Bobby Watson l’autre oncle de Bobby Watson, le mort.
M. SMITH. – Non, ce n’est pas celui-là, c’est un autre. C’est Bobby Watson, le fils de la vieille Bobby Watson la tante de Bobby Watson, le mort.
Mme SMITH. – Tu veux parler de Bobby Watson, le commis-voyageur ?
M. SMITH. – Tous les Bobby Watson sont commis-voyageurs.
Mme SMITH. – Quel dur métier ! Pourtant, on y fait de bonnes affaires.
M. SMITH. – Oui, quand il n’y a pas de concurrence.
Mme SMITH. – Et quand n’y-a-t-il pas de concurrence ?
M. SMITH. – Le mardi, le jeudi et le mardi.
Mme SMITH. – Ah ! trois jours par semaine ? Et que fait Bobby Watson pendant ce temps-là ?
M. SMITH. – Il se repose, il dort.
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Comment justifier les registres ?
Exemples :
- Cet extrait du roman de Balzac est réaliste car il présente l'architecture de la Pension Vauquer de façon cohérente (grenier, mansarde) puis il présente logiquement les locataires de l'immeuble : le chiffre de 18 est vraisemblable pour un internat. Style : de longues phrases descriptives qui contiennent des précisions abondantes sur les lieux et locataires ("Chacun descendait en pantoufles" comme pour suggérer le côté familial).
- Anonyme : "Il faut arrêter cette gay-guerre." Style : dans cette phrase qui est une "punchline" on remarque aussitôt un jeu sur le mot : au lieu d'écrire "guéguerre" qui est un mot innocent, l'anonyme choisit le mot anglais "gay" qui est une satire à l'égard de ceux qui sont homophobes.
- Pour le texte de Lévi-Strauss, le verbe haïr montre dès le début son attaque, mais contre ses semblables : les explorateurs. C'est donc un registre polémique. Il insiste avec un champ lexical violent : "de honte et de dégoût". Style : chaque proposition comporte le JE de l'autobiographie : elles servent à présenter son vécu dans une sorte d'introduction à ce qui va suivre.