Leçon: Récit de discours, de pensées, de points de vue
Question : Qui parle ?
Cet exemple de discours direct dans l'Iliade peut être narrativisé : « Prends garde, vieux (= Agamemnon se fâcha contre le vieil homme), que je ne te rencontre encore près d'ici, ou à y revenir demain (= et lui intima l'ordre de s'en aller et de ne plus reparaître). Ton bâton, la parure même du dieu pourraient alors ne te servir de rien (= car son sceptre et son ornement divin ne lui seraient d'aucun secours). Je ne te rendrai pas ta fille ; la vieillesse l'atteindra auparavant dans mon palais, en Argos, loin de sa patrie (= puis il ajouta que sa fille ne serait pas délivrée avant d'avoir vieilli avec lui à Argos). Va, et plus ne m'irrite, si tu veux partir sans dommage (= il lui enjoignit l'ordre de se retirer et de ne pas l'irriter, s'il voulait rentrer chez lui sain et sauf). »
Il existe 3 styles de discours :
(a) direct : Lorsque Marcel déclare à sa mère : « Il faut absolument que j'épouse Albertine », le narrateur se contente de rapporter la phrase du héros, qu'il recopie telle quelle.
(b) indirect : « Je dis à ma mère qu'il me fallait absolument épouser Albertine» (discours prononcé), « Je pensai qu'il me fallait absolument épouser Albertine » (discours intérieur). Le narrateur transpose les paroles « réellement » prononcées, en usant de subordonnées.
(c) indirect libre, où le narrateur évite la subordination : pas de verbe introducteur ("dit que") ; la narrateur rapporte les paroles ou pensées sans dire qu'il le fait : « J'allai trouver ma mère : il me fallait absolument épouser Albertine ». L'absence de verbe déclaratif peut entraîner de la confusion : tout d'abord entre discours prononcé et discours intérieur : ici, la seconde proposition ("il me fallait absolument épouser Albertine") peut traduire aussi bien les pensées de Marcel se rendant auprès de sa mère que les paroles qu'il lui adresse. Ensuite et surtout, entre le discours (prononcé ou intérieur) du personnage et celui du narrateur.
Le monologue intérieur (= les pensées) est au discours direct, prononcé par exemple ici par Mouret, qui se demande : "Mais qu'est-ce qu'elle a donc eu pour m'attirer comme ça ?! Après tout, c'est pas comme si je ne l'avais jamais vue pieds nus ! Est-ce que je ne l'avais pas acceptée presque par pitié ? Si seulement c'était une de ces belles femmes que tout le monde regarde ! Mais cette petite "chose", cette moins que rien, qui avait simplement une de ces têtes ordinaires qu'on ne remarque même pas !" Le narrateur s’efface pour laisser la parole à Mouret.
Au discours indirect, le narrateur rapporte le discours du personnage et l’interprète, sans l’assumer, car il garde ses distances par rapport à la parole du personnage: "Mouret se demanda ce qu'elle avait donc à l'attacher de la sorte, et s'il ne l'avait pas acceptée presque par pitié. Il pensa qu'il ne l'avait pas vue sans chaussures . Il rêva que ce soit une ces belles femmes que tout le monde regarde. Il la critiqua en regrettant que cette employée ne soit qu'une moins que rien, qu'elle ne soit pas une de ces créatures superbes qui ameutent la foule."
Ce passage est raconté par un narrateur omniscient qui connaît les moindres pensées du personnage.
En revanche, au discours indirect libre, le narrateur assume le discours du personnage, ou si l'on préfère le personnage parle par la voix du narrateur, et les deux instances (narrateur + personnage) sont alors confondues : "Mouret était perplexe. Qu'avait-elle donc eu pour l'attirer comme ça ? Elle, qu’il n’avait pas vue sans chaussures, ne l'avait-il pas acceptée presque par pitié ? Si seulement c'était une de ces belles femmes que tout le monde regarde ! Mais elle avait simplement une de ces têtes ordinaires qu'on ne remarque même pas !"
Quelles différences d’écriture voyez-vous entre les 3 versions?
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Question : Qui voit ?
Un récit à la 3e personne ne cesse de faire alterner focalisation zéro (ou narrateur omniscient) et focalisation interne (restriction du savoir du narrateur à la perception des faits par les personnages).
- la focalisation zéro (point de vue omniscient) est celle par laquelle le romancier se fait « tout-puissant »: il sait tout de son héros, en sait plus que lui, livre ses pensées les plus intimes. Le psychisme du personnage est dans ce cas presque transparent aux yeux du lecteur. Exemple de Stendhal: « Sans hésiter, quoique prêt à rendre l'âme de dégoût, Fabrice se jeta à bas de son cheval et prit la main du cadavre qu'il secoua fermement ; puis il resta comme anéanti ; il sentait qu'il n'avait pas la force de remonter à cheval. Ce qui lui faisait horreur surtout c'était cet oeil ouvert. »
- la focalisation interne est celle qui permet de voir les choses AVEC le personnage ; le narrateur découvre la vision du personnage en même temps que lui, ce qui facilite l’identification du lecteur au personnage. Exemple de Stendhal: « Une balle, entrée à côté du nez, était sortie par la tempe opposée, et défigurait ce cadavre d'une façon hideuse; il était resté avec un oeil ouvert. » Ici, on voit ce que voit le personnage, AVEC lui, ni plus, ni moins.
(a) Incipit du roman PIERRE ET JEAN (Maupassant) : transformez le style direct en indirect :
”Zut!” s’écria tout à coup le père Roland qui depuis un quart d’heure demeurait immobile, les yeux fixés sur l’eau, et soulevant par moments, d’un mouvement très léger, sa ligne descendue au fond de la mer. Mme Roland, assoupie à l’arrière du bateau, à côté de Mme Rosémilly invitée à cette partie de pêche, se réveilla, et tournant la tête vers son mari : ”Eh bien, …eh bien, …Jérôme!” Le bonhomme, furieux, répondit : ”ça ne mord plus du tout. Depuis midi je n’ai rien pris. On ne devrait jamais pêcher qu’entre hommes ; les femmes vous font embarquer toujours trop tard.”
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Et soudain, le bras allongé vers le nord, il ajouta : — Tiens, tiens, le bateau de Southampton.
Sur la mer plate, tendue comme une étoffe bleue, immense, luisante, aux reflets d’or et de feu, s’élevait là-bas, dans la direction indiquée, un nuage noirâtre sur le ciel rose. Et on apercevait, au-dessous, le navire qui semblait tout petit de si loin.
Vers le sud on voyait encore d’autres fumées, nombreuses, venant toutes vers la jetée du Havre dont on distinguait à peine la ligne blanche et le phare, droit comme une corne sur le bout.
Roland demanda : — N’est-ce pas aujourd’hui que doit entrer la Normandie ?
Jean répondit : — Oui, papa. — Donne-moi ma longue vue, je crois que c’est elle, là-bas.
Le père déploya le tube de cuivre, l’ajusta contre son oeil, chercha le point, et soudain, ravi d’avoir vu : — Oui, oui, c’est elle, je reconnais ses deux cheminées. Voulez-vous regarder, madame Rosémilly ?
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Comme Maréchal n’avait aucun héritier, il s’est dit : « Tiens, j’ai contribué à la naissance de ce petit-là, je vais lui laisser ma fortune. »
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(b) Montrez l'omniscience du narrateur ici :
Jean, aussi blond que Pierre était noir, aussi calme que son frère était emporté, aussi doux que son frère était rancunier, avait fait tranquillement son droit et venait d’obtenir son diplôme de licencié en même temps que Pierre obtenait celui de docteur. Tous les deux prenaient donc un peu de repos dans leur famille, et tous les deux formaient le projet de s’établir au Havre s’ils parvenaient à le faire dans des conditions satisfaisantes. Mais une vague jalousie, une de ces jalousies dormantes qui grandissent presque invisibles entre frères ou entre soeurs jusqu’à la maturité et qui éclatent à l’occasion d’un mariage ou d’un bonheur tombant sur l’un, les tenait en éveil dans une fraternelle et inoffensive inimitié.
(c) Montrez qu'à partir du verbe de vision, la focalisation devient interne :
Mais le père Roland cria : « Tenez, voici le Prince-Albert qui nous rattrape. » Et tout le monde regarda. Long, bas, avec ses deux cheminées inclinées en arrière et ses deux tambours jaunes, ronds comme des joues, le bateau de Southampton arrivait à toute vapeur, chargé de passagers et d’ombrelles ouvertes. Ses roues rapides, bruyantes, battant l’eau qui retombait en écume, lui donnaient un air de hâte, un air de courrier pressé ; et l’avant tout droit coupait la mer en soulevant deux lames minces et transparentes qui glissaient le long des bords.
(d) Montrez l'alternance entre omniscience du narrateur, monologue intérieur, et style indirect libre :
Pierre cherchait d’où lui venait cet énervement, ce besoin de mouvement sans avoir envie de rien, ce désir de rencontrer quelqu’un pour n’être pas du même avis, et aussi ce dégoût pour les gens qu’il pourrait voir et pour les choses qu’ils pourraient lui dire. Et il se posa cette question : « Serait-ce l’héritage de Jean ? » Oui, c’était possible, après tout. Quand le notaire avait annoncé cette nouvelle, il avait senti son coeur battre un peu plus fort. Certes, on n’est pas toujours maître de soi, et on subit des émotions spontanées et persistantes, contre lesquelles on lutte en vain.
Jean s’était levé : — Je vais faire un bout de promenade, dit-il. Son père s’étonna, voulut le retenir, car ils avaient à causer, à faire des projets, à arrêter des résolutions. Mais le jeune homme s’obstina, prétextant un rendez-vous. On aurait d’ailleurs tout le temps de s’entendre bien avant d’être en possession de l’héritage. Et il s’en alla, car il désirait être seul, pour réfléchir. Pierre, à son tour, déclara qu’il sortait, et suivit son frère, après quelques minutes.
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VISION : en jaune, les passages en focalisation interne :
(a) Mais son mari remuait la tête pour dire non, tout en jetant un coup d’oeil bienveillant sur le panier où le poisson capturé par les trois hommes palpitait vaguement encore, avec un bruit doux d’écailles gluantes et de nageoires soulevées, d’efforts impuissants et mous, et de bâillements dans l’air mortel.
(b) Les deux fils, à leur retour, trouvant cette jolie veuve installée dans la maison, avaient aussitôt commencé à la courtiser, moins par désir de lui plaire que par envie de se supplanter. Mme Rosémilly était blonde avec des yeux bleus, une couronne de cheveux follets envolés à la moindre brise et un petit air crâne, hardi, batailleur, qui ne concordait point du tout avec la sale méthode de son esprit.
(c) Elle aimait les lectures, les romans et les poésies, non pour leur valeur d’art, mais pour la songerie mélancolique et tendre qu’ils éveillaient en elle. Un vers, souvent banal, souvent mauvais, faisait vibrer la petite corde, comme elle disait, lui donnait la sensation d’un désir mystérieux presque réalisé. Et elle se complaisait à ces émotions légères qui troublaient un peu son âme bien tenue comme un livre de comptes.
(d) Roland s’était levé pour interroger l’horizon à la façon d’un capitaine : ” Plus de vent, dit-il, on va ramer, les gars! ” Et soudain, le bras allongé vers le nord, il ajouta : ” Tiens, tiens, le bateau de Southampton. ” Sur la mer plate, tendue comme une étoffe bleue, immense, luisante, aux reflets d’or et de feu, s’élevait là-bas, dans la direction indiquée, un nuage noirâtre sur le ciel rose. Et on apercevait, au-dessous, le navire qui semblait tout petit de si loin. Vers le sud, on voyait encore d’autres fumées, nombreuses, venant toutes vers la jetée du Havre dont on distinguait à peine la ligne blanche et le phare, droit comme une corne sur le bout.
(e) Madame Rosémilly prit la longue-vue qu’elle dirigea vers le transatlantique lointain, sans parvenir sans doute à le mettre en face de lui, car elle ne distinguait rien, rien que du bleu, avec un cercle de couleur, un arc-en-ciel tout rond, et puis des choses bizarres, des espèces d’éclipses, qui lui faisaient tourner le coeur.
(f) Mais le père Roland cria : ” Tenez, voici le Prince-Albert qui nous rattrape. ” Et tout le monde regarda. Long, bas, avec ses deux cheminées inclinées en arrière et ses deux tambours jaunes, ronds comme des joues, le bateau de Southampton arrivait à toute vapeur, chargé de passagers et d’ombrelles ouvertes. Ses roues rapides, bruyantes, battant l’eau qui retombait en écume, lui donnaient un air de hâte, un air de courrier pressé ; et l’avant tout droit coupait la mer en soulevant deux lames minces et transparentes qui plissaient le long des bords.
(g) Il fit remarquer comment Le Havre séparait la basse de la haute Normandie. En basse Normandie, la côte plate descendait en pâturages, en prairies et en champs jusqu’à la mer. Le rivage de la haute Normandie, au contraire, était droit, une grande falaise, découpée, dentelée, superbe, faisant jusqu’à Dunkerque une immense muraille blanche dont toutes les échancrures cachaient un village ou un port : Etretat, Fécamp, Saint-Valéry, Le Tréport, Dieppe, etc. Les deux femmes ne l’écoutaient point, engourdies par le bien-être, émues par la vue de cet Océan couvert de navires qui couraient comme des bêtes autour de leur tanière ; et elles se taisaient, un peu écrasées par ce vaste horizon d’air et d’eau, rendues silencieuses par ce coucher de soleil apaisant et magnifique.
(h) Devant la place de la Bourse, Roland contempla, comme il le faisait chaque jour, le bassin du Commerce plein de navires, prolongé par d’autres bassins, où les grosses coques, ventre à ventre, se touchaient sur quatre ou cinq rangs. Tous les mâts innombrables, sur une étendue de plusieurs kilomètres de quais, tous les mâts avec les vergues, les flèches, les cordages, donnaient à cette ouverture au milieu de la ville l’aspect d’un grand bois mort.
(i) Mme Roland, la première, dominant son émotion, balbutia : ” Mon Dieu, ce pauvre Léon … notre pauvre ami … mon Dieu … mon Dieu … mort! … ” Des larmes apparurent dans ses yeux, ces larmes silencieuses des femmes, gouttes de chagrin venues de l’âme qui coulent sur les joues et semblent si douloureuses, étant si claires. Mais Roland songeait moins à la tristesse de cette perte qu’à l’espérance annoncée. Il n’osait cependant interroger tout de suite sur les clauses de ce testament, et sur le chiffre de la fortune ; et il demanda, pour arriver à la question intéressante : ” De quoi est-il mort, ce pauvre Maréchal ? ” M. Lecanu l’ignorait parfaitement.
(j) Dès qu’il fut dehors, Pierre se dirigea vers la rue de Paris, la principale rue du Havre, éclairée, animée, bruyante. L’air un peu frais des bords de mer lui caressait la figure, et il marchait lentement, la canne sous le bras, les mains derrière le dos. Il se sentait mal à l’aise, alourdi, mécontent comme lorsqu’on a reçu quelque fâcheuse nouvelle. Aucune pensée précise ne l’affligeait. Il s’arrêta pour contempler la rade. Sur sa droite, au-dessus de Sainte-Adresse, les deux phares électriques du cap de la Hève, semblables à deux cyclopes monstrueux et jumeaux, jetaient sur la mer leurs longs et puissants retards.
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Contrôle sur le récit de pensées, de paroles,
et des 3 types de discours
Indiquer votre validation par une croix (maximum 2 par ligne) | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 |
(a) — Vous n’êtes pas sortie aujourd’hui ? demandait Mme Roland. | |||||
(b) Il l’examinait avec une curiosité stupéfaite. C’était sa mère, cette femme ! | |||||
(c) L’idée lui vint de demander à son frère ce premier trimestre, ou même le semestre, soit quinze cents francs, dès que Jean serait en possession de son héritage. | |||||
(d) Maintenant Pierre ne doutait plus : ne luttait-il pas de toute sa force, avec toutes les subtilités de son cœur, pour tromper sa raison, ne luttait-il pas contre ce soupçon terrible ? | |||||
(e) Jean, depuis son héritage, se demandait tous les jours s’il l’épouserait ou non. | |||||
(f) Et il songea que sur la terre entière c’était toujours la même chose. Sa mère avait fait comme les autres, voilà tout ! Comme les autres ? | |||||
(g) — Oh ! répondit Jean, dans le monde c’est possible, mais on ne traite pas sa famille à l’anglaise. | |||||
(h) Il n’avait point du tout songé que cette bonne nouvelle était la mort d’un ami. | |||||
(i) Pierre songeait. Certes ce serait une solution s’il pouvait s’embarquer comme médecin sur ce paquebot. Plus tard on verrait ; il le quitterait peut-être. | |||||
(j) Roland demeurait stupéfait : — Et tous tes beaux projets de réussite, que deviennent-ils ? Pierre murmura : — Il y a des jours où il faut savoir tout sacrifier | |||||
(k) Au son de la voix, Pierre comprit que Jean n’avait rien regardé. | |||||
(l) Longtemps elle songea, avec cette voix bizarre qu’on prend par moments pour conclure une longue et secrète pensée : — C’est vilain, la vie ! Si on y trouve une fois un peu de douceur, on est coupable de s’y abandonner et on le paye bien cher plus tard. | |||||
(m) Pierre, que son énervement reprenait, voulut savoir ce que Marowsko entendait par cette phrase. — Pourquoi cela ne ferait-il pas un bon effet ? Quel mauvais effet pouvait résulter de ce que son frère héritait la fortune d’un ami de la famille ? Mais le bonhomme ne s’expliqua pas davantage. | |||||
(n) Et voilà que, tout à coup, cette vie, supportée jusqu’ici, devenait odieuse, intolérable à Pierre. S’il avait eu quelque argent il aurait pris une voiture pour fuir à la campagne. | |||||
(o) Le pharmacien, après avoir songé, espéra que le docteur héritait par moitié. | |||||
(p) Il se leva donc de nouveau pour aller boire un bock avec cette fille. Que lui dirait-il ? Que lui dirait-elle ? Rien, sans doute. Qu’importe ? il lui tiendrait la main quelques secondes ! Elle semblait avoir du goût pour lui. Pourquoi donc ne la voyait-il pas plus souvent ? | |||||
(q) « Ce sera un prêt de quelques mois à peine, pensait Pierre. Je le rembourserai peut-être même avant la fin de l’année. C’est tout simple, d’ailleurs, et il sera content de faire cela pour moi. » | |||||
(r) Pierre affirmait devant l’assemblée que Marowsko le faisait penser à Marat. | |||||
(s) Ils se turent. Et il s’étonnait, lui, au contraire, qu’elle fût si peu troublée, si raisonnable. | |||||
CAS ATYPIQUE (3 croix à valider) : (t) — Ne disiez-vous point que notre pauvre Maréchal avait laissé sa fortune à mon petit Jean ? |
Pour valider les croix, voici les 5 choix :
(1) Dialogue : échange de paroles entre personnages
(2) Monologue intérieur : ce que se dit et/ou pense le personnage en son for intérieur
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(3) Style direct : seul le personnage parle et/ou pense
(4) Style indirect : le narrateur rapporte les paroles et/ou pensées du personnage en utilisant une subordonnée, qui montre qu’il n’est pas ce personnage (il le met à distance)
(5) Style indirect libre : le narrateur semble assumer les paroles et/ou pensées du personnage en n’utilisant pas de subordonnée ; le ton est celui du personnage, mais la 3ème personne montre qu’il y a tout de même un narrateur présent qui retranscrit les paroles/pensées du personnage (il s’assimile à lui : pas de distance entre eux)
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(a) il pensait : ” Allons, il faut que je me décide. Certes, je ne trouverai pas mieux. ”
Il fallait qu'il se décide ; il en était sûr, il ne trouverait pas mieux !
(b) ” Eh bien! dit Roland, ça avance-t-il, vos achats ? Moi, je ne veux rien voir avant que tout soit installé. ”
Roland s'impatientait à propos de leurs achats ; il ne ne voulait rien voir avant que tout soit installé.
(c) Sa femme répondit : ” Mais oui, ça va. Seulement il faut longtemps réfléchir pour ne pas commettre d’impair. La question du mobilier nous préoccupe beaucoup. ”
Sa femme acquiesça, elle s'inquiétait : ne fallait-il pas qu'elle réfléchisse un certain temps, elle qui était très préoccupée par le mobilier ?
(d) Et il songea que sur la terre entière c’était toujours la même chose.
Il se résigna : "Eh oui, sur toute la terre, c'est toujours la même chose !"
(e) Maintenant il voulait rentrer, il voulait savoir si sa mère avait retrouvé le portrait de Maréchal. En parlerait-elle la première, ou faudrait-il qu’il le demandât de nouveau ? Certes si elle attendait qu’on l’interrogeât encore, elle avait une raison secrète de ne point montrer ce portrait.
(f) Roland n’avait pas d’opinion. Il reflétait : ” Moi, je ne veux entendre parler de rien. J’irai voir quand ce sera fini. ” Mme Roland fit appel au jugement de son fils aîné : ” Voyons, toi, Pierre, qu’en penses-tu ? ” Il avait les nerfs tellement surexcités qu’il eut envie de répondre par un juron.
Roland s'effaça et se contenta d'annoncer qu'il ne voulait entendre parler de rien, et qu'il irait voir quand ce serait fini.
Mme Roland interpella son fils aîné en demandant à Pierre ce qu’il en pensait. Lui eut envie de répondre : "Sacrebleu !"
Il dit cependant sur un ton sec, où vibrait son irritation : ” Oh! moi, je suis tout à fait de l’avis de Jean. Je n’aime que la simplicité, qui est, quand il s’agit de goût, comparable à la droiture quand il s’agit de caractère. ”
Il se contenta de rétorquer sur un ton sec, où vibrait son irritation, qu'il était tout à fait de l’avis de son frère Jean, qu'il n’aimait que la simplicité, laquelle, quand il s’agit de goût, est comparable à la droiture quand il s’agit de caractère.
Sa mère reprit : ” Songe que nous habitons une ville de commerçants, où le bon goût ne court pas les rues. ”
Sa mère lui fit comprendre qu'ils habitaient une ville de commerçants, où le bon goût est rare.
Pierre répondit : ” Et qu’importe ? Est-ce une raison pour imiter les sots ? Si mes compatriotes sont bêtes ou malhonnêtes, ai-je besoin de suivre leur exemple ? ”
Pierre s'énerva en objectant que ce n'était pas une raison pour imiter les sots, et que si ses compatriotes étaient bêtes ou malhonnêtes, il serait aussi idiot de suivre leur exemple.
Jean se mit à rire : ” Tu as des arguments par comparaison qui semblent pris dans les maximes d’un moraliste. ”
Jean se moqua de son frère en lui disant que ses arguments par comparaison semblaient pris dans les maximes d’un moraliste.