mouche : registre didactique


Les mouches sont-elles des hommes comme les autres ? - Véronique Radier - 2016 - Nouvel'obs

Sans doute, ce n’est pas demain qu’on croisera dans les rues la terrifiante chimère mi-homme / mi-insecte, métamorphose d'horreur imaginée par le cinéaste David Cronenberg. Pourtant, si incroyable que cela paraisse, notre espèce et celle de ce modeste diptère ne sont pas si éloignées l’une de l’autre. Et elles offrent des similitudes y compris s’agissant de cet organe suprême : le cerveau. Explications : "L’ensemble des êtres vivants partagent de nombreux schémas, quelle que soit leur espèce : le code génétique et son fonctionnement, l’organisation des cellules sont les mêmes. Et même si la drosophile ne possède que 4 chromosomes, nous partageons avec elle 70% de patrimoine génétique commun, c’est loin d’être négligeable..." Y compris donc, s’agissant de cet organe dont nous sommes si fiers, notre cerveau. "Dans les grands principes, le fonctionnement cérébral de la drosophile, en particulier les réflexes innés qui modulent les comportements, est comparable au nôtre", explique Bassem Hassan, chef d’équipe à l’ICM (Institut du Cerveau et de la moelle épinière), prestigieuse unité de neurosciences à La Pitié Salpêtrière (Paris). Un exemple, parmi bien d’autres, de ces pré-câblages cérébraux, ces réflexes innés qui nous influencent à notre insu aussi bien que les mouches ? "Lorsque vous êtes assis dans un train et que celui de la voie d’à côté démarre, vous avez l’impression que c’est le vôtre qui bouge. C’est parce que notre circuit visuel, comme celui de tous les animaux est programmé pour analyser les mouvements les plus proches comme étant, par principe, ceux de notre propre corps".
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A chaque fois que vous rencontrez un problème, observez la nature. Celle-ci a peut-être déjà eu les mêmes difficultés, et si c’est le cas, elle a sûrement trouvé une solution il y a quelques milliers d’années. Voilà la devise du biomimétisme, une démarche qui entend réconcilier progrès et respect de l’environnement. L’œil de mouche, un œil à la pointe de la technologie. L’équipe a découvert que chez la mouche les objets à très grande distance défilent à une vitesse angulaire faible, alors que les objets proches défilent avec une vitesse très élevée. Ils comptent s’inspirer de l’œil de la mouche pour fabriquer des yeux artificiels pesant 1,7 gramme, de 700 facettes. Une telle “caméra” miniaturisée dotée d’une analyse de mouvement inspirée par celle du cerveau des mouches pourrait bouleverser l’assistance aux personnes aveugles. Reste à réaliser l’interface entre les signaux captés et les handicapés visuels.
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